Je ne peux créer que des liens superficiels.



J'ai des amis, pourtant ce sont les derniers à qui je pourrais ouvrir mon coeur. Tout simplement parce que je sens que mon âme est sale. Je me sens monstrueuse, sans pour autant mettre le doigt sur ce monstre qui sommeille en moi. Le cynisme et la banalité sont mes meilleures armures pour ne plus sombrer, mais le vide demeure.
Me confier aux anonymes, voilà la seule chose que je peux faire.

A moins que je n'imagine toute cette laideur que par terreur d'être comme les autres.  Mais ça, je ne crois pas.

Ma vision de mon identité se ferait plutôt par couches successives concentriques :
- Tout au milieu, le noyau humain, concentré, minuscule mais indispensable. La base générique de chacun, assez dure, de couleur terne, à seule vocation de définir la base.
- Deuxième couche; une couche recouverte de crasse; laide, brute, noircie, sans aucun état d'âme. Monstre. Lucidité amère. Elle se fait oublier par les couches supérieures mais est découverte de temps en temps, sans se faire remarquer toutefois. Solide, voire atrocement résistante.
- Troisième couche. Sensibilité. Beauté. Oh, cette couche-là n'est pas très dure, et elle s'effrite un peu plus chaque jour.
- Dernière couche, la couche extérieure, visible, pleine de jolies fausses couleurs copiées dans des magazines grand public, imite les autres tant bien que mal pour essayer de distraire de ce qu'elle cache. Sympathique à l'oeil, on s'en détourne vite faute d'originalité. Elle est assez épaisse pour qu'on se lasse de découvrir ses secrets si on essaie de la creuser.


L'oeil brut et observateur du scientifique sur cet assemblage de personnalités ne me fait pas peur. Bien moins que le regard émotionnel d'un être humain, avec ses sentiments et ses attachements.